Ouverture de l’exposition Cité-Fantôme, Pia Rondé et Fabien Saleil

au Drawing Lab Paris, 17 rue de Richelieu, Paris 1er
Commissariat : Léa Bismuth
Exposition à découvrir jusqu’au 11 janvier 2018

Dans le labyrinthe, briser les lignes droites, texte de Léa Bismuth

Avec la grande installation Cité-Fantôme, Pia Rondé et Fabien Saleil élaborent un espace à aborder à la fois physiquement et mentalement, à traverser comme un récit, par le visiteur sollicité chorégraphiquement, par les mouvements de son corps et de son expérience. Celui-ci fait partie intégrante de l’œuvre en l’activant par sa marche et ses détours, au rythme de ses pas, bifurquant pour mieux se repérer dans les méandres. Ainsi, il devient l’acteur d’un espace constitué de plaques de verre assemblées en un dallage morcelé au sol, mais aussi de plaques érigées telles des ouvertures ou des impasses. Tout n’est qu’ombre et lumière, transparence et pénombre sculptée de silhouettes projetées. Cette « projection » est à prendre selon une double acception: projection de lumière au sens cinématographique du terme, telle une lanterne magique ; mais aussi projection de plans au sens architectural ; entre poésie et structure, errance et fantasme. Il faut comprendre qu’il ne s’agit là, en volume, que d’un seul et unique dessin, un dessin rêvé comme s’il s’agissait d’un cadrage impossible à réaliser, mais néanmoins perceptible par la multiplicité des points de vue de ceux qui le traversent. En d’autres termes : nous sommes captifs d’un songe, l’espace d’un parcours vécu. Ainsi, le labyrinthe et le dédale, formes universelles et archaïques, sont vécues comme les métaphores d’un cheminement fondé sur des détours et des sinuosités. On connait bien, dans toutes les cultures, les formes diverses du labyrinthe et ses connotations spirituelles, qui touchent à des paradoxes inouïs : une organisation du chaos, une progression par la lenteur ou la régression, une désorientation constructive ; et une confusion productrice de sens, d’inconnu, tout comme de connaissance. (….)